samedi 2 juin 2012

Fiche : Sur la mort de Marie de Ronsard "Terre, ouvre moi ton sein"

Terre, ouvre-moi ton sein, et me laisse reprendre
Mon trésor, que la Parque a caché dessous toi :
Ou bien si tu ne peux, ô terre, cache-moi
Sous même sépulture avec sa belle cendre. 
Le trait qui la tua devait faire descendre
Mon corps auprès du sien pour finir mon émoi :
Aussi bien, vu le mal qu'en sa mort je reçois,
Je ne saurais plus vivre, et me fâche d'attendre. 
Quand ses yeux m'éclairaient, et qu'en terre j'avais
Le bonheur de les voir, à l'heure je vivais,
Ayant de leurs rayons mon âme gouvernée. 
Maintenant je suis mort: la Mort qui s'en alla
Loger dedans ses yeux, en partant m'appela,
Et me fit de ses pieds accomplir ma journée.
Présentation 

Ronsard, « prince des poètes et poète des princes », est un écrivain du XVIème siècle (1524-1585) rattaché au mouvement littéraire de la Pléiade (avec Du Bellay). Ses poème charmaient les gens qui l’entouraient et firent de lui le favoris de la cours.

La pléiade est un courant poétique formé par un groupe de 7 poètes par volonté de donner à la langue française des chefs-d’œuvre poétique dignes des grecs et des latins. (Ronsard, Du Bellay)
Principes :
-     Renouveau de la poésie française
-     Inspiration de l’Antiquité
Thèmes :
-     Sentiments amoureux, voyages
-     Fuite du temps
-     Mythologie
Formes :
-     Sonnet/odes
-     Allégories & métaphores
-     Rythme et musicalité

Sur la mort de Marie est un recueil de poèmes en éloge à Marie, son 3ème amour qui venait de mourir.

L’extrait présenté ici est un extrait du 2nd livre des amours, c’est un poème illustrant le deuil du poète face à sa bien-aimée. C’est une supplication à la terre pour la retrouver (la faire revivre ou la rejoindre). 

Problématique
-     En quoi ce poème peut il être interprété comme une réécriture du mythe d'Orphée?

Plan

I.    Les invariants du mythe
a)     La mort de l’être aimé (Marie = Eurydice, « le trait qui la tua » = serpent, « sa belle cendre », allitération en M = mort)
b)    Un appel aux dieux (anaphore, impératif, registre élégiaque)
c)     L’envie de la rejoindre (la récupérer ou la rejoindre cf métamorphose d’Ovide « réjouissez-vous de frapper deux victimes », emphase « maintenant je suis mort », argument « je ne saurais plus vivre »

II.  La mort omniprésente
a)     Opposition vie/mort (terre nouricière au départ puis sépulture : déséquilibre dans le vers = les enfers) (Poème de Desportes cieux, ici terre, champ lexical terre, v5, 6 équilibré : ça aurait dû se passer comme ça suivit d’1 déséquilibre = mort)
b)    Le regard lié à la mort, thème inversé (mythe : regard qui fit perdre Eurydice=mort, ici regard = vie « ses yeux m’éclairaient, bonheur de les voir »

III.    Un discours porté par les sentiments
a)     L’amour pour convaincre (possessifs, oxymore « belle cendre », sensualité)
b)    Le bonheur de la vie (1er tercet : passé heureux, champ lexical lumière, yeux, symbole de la vie)

è Thèmes et éléments du mythe originel repris par Ronsard pour accentuer ses sentiments et son histoire.
è Différent genre littéraire, on retrouve aussi ce mythe dans l’art, les peintures, la mosaïque, la musique, les opéras. 

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